La microfinance a encore de beaux jours devant elle en Afrique subsaharienne, où des experts prédisent une croissance du secteur de 15 à 20 % pour 2016. Explications.
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Publié le | Le Point Afrique
La microfinance en Afrique subsaharienne a connu entre 2002 et 2012 une croissance de plus de 1 300 %.© DR
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Le secteur de la microfinance devrait croître de 15 à 20 % en Afrique subsaharienne en 2016, selon un récent rapport publié par le groupe suisse ResponsAbility, qui est le plus grand investisseur privé du monde dans la microfinance.

Une réglementation mondiale plus saine

L’Afrique subsaharienne arrive ainsi juste derrière la région Asie-Pacifique, où la croissance de la microfinance devrait culminer à 30 % l’an prochain, grâce au dynamisme hors pair des marchés indien et cambodgien. La région Caucase et Asie centrale ne devrait cependant enregistrer qu’une progression de 0-10 %, en raison notamment du ralentissement de l’économie russe. En Amérique latine, les institutions de microfinance devraient croître de 5-10 % contre 10 % en Europe de l’Est et 10-15 % en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. À l’échelle mondiale, la croissance de la microfinance devrait s’établir à 10-15 % en 2016, contre 12 % en 2015. Pour réaliser ces projections, ResponsAbility, qui revendique 18 % de tous les investissements privés en microfinance dans le monde, a interrogé un échantillon représentatif d’experts d’agences de notations, d’institutions de microfinance (IMF), des investisseurs et des conseillers. 40 % des personnes sondées estiment que le contexte de réglementation saine et prudente est un catalyseur du développement de la branche. 71 % des professionnels et des experts pensent que la technologie est très importante pour le développement de la microfinance dans la mesure où elle permet d’accéder à des micro-entrepreneurs dans des zones isolées et de mettre en place des outils puissants d’évaluation des risques. « L’argent mobile et la banque sans guichet permettent à la microfinance de sauter les étapes », déclare le directeur de ResponsAbility, Rochus Mommartz au journal suisse Le Temps. Le rapport publié par le groupe basé à Zurich fait, par ailleurs, ressortir que les IMF sont en train d’aller au-delà de l’accès au crédit en élargissant leur gamme de services : possibilité de placer des dépôts, obtenir des assurances ou louer des locaux, etc.

Forte demande de microcrédit

Les chiffres publiés par la Microfinance Information Exchange, une organisation à but non lucratif qui assure le suivi du secteur, montrent que de 2002 à 2012 l’industrie a connu une croissance de plus de 1 300 %. Pendant cette période, le portefeuille de prêts bruts s’est envolé, passant de 600 millions à 8,4 milliards de dollars. Le nombre de clients ou déposants de la microfinance a bondi de 3 millions à 20 millions, avec une augmentation des emprunteurs actifs de 3 à 7 millions. Comme la tendance mondiale le prouve la réglementation du secteur est une priorité. En Afrique subsaharienne, plusieurs pays l’ont compris et intégrent la microfinance dans leur stratégie de développement économique. Comme au Bénin ou au Rwanda des lois plus favorables au secteur ont été promulguées afin d’encourager les investissements, améliorer les mécanismes de contrôle et protéger les clients. La forte croissance du secteur prévue pour 2016 répond tout autant à la demande de microcrédit qui ne faiblit pas sur le continent africain. Mais beaucoup restent à faire pour libéraliser définitivement le secteur.